Si il y a bien un hash archi connu, c’est celui là, en effet le Maroc est le plus gros producteur de haschisch au monde avec une estimation de 30 000 tonnes par an, ce qui représente à peu près 70% de la production mondiale, dont 95% proviennent de la région montagneuse du Rif.
L’aspect historique de la région est très intéressant, les habitants y vivant en quasi autarcie ont développés un esprit rebel qui leur a permis d’obtenir le privilège de pouvoir continuer à faire pousser du cannabis en échange de leur soumission aux lois du Royaume. Il y aurai beaucoup à écrire las dessus, ça fera surement l’objet d’un autre article, mais aujourd’hui c’est un Hash Lab alors on va plus s’intéresser au Kif qu’à la géopolitique du pays :p
Parler de « hash marocain » c’est un peu comme parler de « vin français »:
Il peut se cacher une perle derrière cette appellation, comme il peut se cacher une grosse bouse. Le pays produit tellement de hash, le nombres de producteurs y est tellement élévé, que vous allez clairement avoir du hash de qualité premium, comme du hash très très passable. L’hospitalité des marocains n’est plus à prouver, vous avez tout intérêt à aller à la rencontre des locaux et à prendre le temps de prendre un thé avec eux pour déguster un hash de qualité supérieur, plutôt que de passer par des dealers de rue, qui eux ne courent qu’après le bénéfice.
Les Strains Hunters nous ont appris qu’il y a trois espèces de cannabis qui sont principalement cultivées à travers le pays : Des « landraces » (race du pays, race pure) pakistanaises, des « landraces » marocaines (vertes claires ou rougeâtre), et des hybrides hollandaises. Des expatriés et des voyageurs rapportent que l’on trouve des « landraces » marocaines aussi dans le sud du pays. Ils rapportent y avoir acheté du pollen pas compressé aux effets cérébraux dignes des plus grandes sativa, qui n’avait rien à voir avec les hashs qu’ils ont pu acheter dans la région Rif. Encore une fois la quantité de producteurs sur le marché peut faire que dans un même village on vous rapporte une expérience incroyable, comme une très mauvaise expérience, ça dépend vraiment de à qui vous avez à faire, mais il semble acquis que de bons haschichs peuvent être dégustés partout dans le pays, pas seulement dans le Rif.
La « landrace » marocaine est une sativa précoce, la « landrace » pakistanaise est typé afghanica, donc typé indica, je laisse aux experts la question existentielle de si afghanica est une indica ou pas ^^. Une chose de sure, les mâles n’ont pas été séparés des femelles et la pollinisation à fait son œuvre, on se retrouve donc avec des hybrides aux quatre coins du pays, ce qui ne facilite pas les choses en termes de compréhension et d’uniformité de la qualité.
Commençons par le plus connu de nom, mais le moins connu de « tête » : Le Kif (avec un seul f ^^)
Le kif contrairement à ce que l’on peut lire à droite et à gauche, n’est ni la plante elle même, ni le pollen, même si parfois le terme peut être employé par certains marocains pour désigner la plante. Ce sont en réalité les résidus du battage/tamisage qui sont récupérés et broyés finement puis mélangés à du tabac noir des montagnes, il est beaucoup plus léger que du hasch, idéal pour la mâtiné. C’est la « fumette » historique au Maroc, tous les anciens en fument ou en ont fumés. Le kif est consommé habituellement en le fumant avec une sebsi.
Ironiquement c’est le produit que la police traque le plus, non pas à cause du cannabis contenu par le Kif (il est léger en thc), mais à cause du tabac noir des montagnes qui sert à le fumer, l’état n’y prélevant aucunes taxes, et les taxes indirectes comme la TVA étant son seul et unique moyen de récupérer des fonds, l’état marocain fait la chasse au Kif, plus qu’aux autres produits du cannabis. Cela s’explique du fait qu’il ne peut par exemple pas taxer les salaires directement, principalement à cause du manque d’organisation logistique et administrative de ces régions.
Pour décrire les autres hash que l’on va trouver sur place il faut bien comprendre que la qualité et la couleur vont dépendre de plusieurs facteurs:
– Le phénotype des plantes, suivant la dominante des plants du cultivateur, on obtient des couleurs et des effets différents.
– Le terroire.
– La durée de la saison, plus tôt les têtes sont coupées, plus le hash tirera sur le vert.
– La quantité d’engrais et de pesticides utilisés.
– L’humidité ou la sécheresse de la saison, la température, qui peuvent changer le gout et l’aspect.
– La provenance des tête tamisées, plus elle proviennent du bas de la plante plus il y a d’impuretés qui se greffent aux trichomes, changeant ainsi la couleur du hash en plus foncée.
– La taille de la grille de tamis, moins les maille sont fines, plus y a d’impuretés = une couleur plus sombre.
– La force exercée lors du pressage, plus elle est grande plus le hash sera puissant et son gout fort, on en met aussi certainement plus dans les spleefs inconsciemment.
– Le séchage aussi joue un rôle très important, si il est mal effectué la puissance, le gout, et la couleur peuvent s’en ressentir, la encore le savoir faire du producteur sera déterminant.
– Le nombre et la durée des tamisages, plus ils sont nombreux et long, plus il y a d’impuretés, moins bon est le haschisch, mais meilleur est le rendement.
Toutes ces variables vont faire que chez le même producteur on trouvera des hash de qualités différentes. Si le hash est voué à l’exportation, les paysans vont avoir tendance à battre et tamiser autant que nécessaire pour atteindre leur objectif, tout simplement. La qualité s’en ressentira bien évidemment. Il n’est pas rare de voir des producteur soigneusement trier leur tête avant le séchage afin de garder les meilleures pour en faire un produit d’exception, qui ne sera sans doutes pas destiné à l’exportation.
Finalement seul le paysan qui l’a produit peut vous dire ce que vous fumez exactement :). Les hash marocains trop foncés à l’intérieur sont souvent de très mauvaise qualité, à cause de l’addition de henné ou d’autres produits de coupe. L’opération est souvent effectuée en Espagne ou en France, les revendeurs achètent du pollen pas encore compressé si possible pour pouvoir facilement y ajouter des additifs, ils pressent ensuite le tout en y accolant leur logo.
Il n’y a apparemment pas de charas au Maroc (même si certains ne doivent pas se priver d’en faire pour leur usage privé), ce qui indique aussi que les hash marocains trop foncés ne sont soit pas 100% marocains, soit coupés. Si l’oxydation donne une couleur extérieur foncé, l’intérieur lui doit rester jaune, vert, marron clair, verdâtre, mais pas noir ou marron très foncé.
Voici les différentes variétés de hash marocains tamisés et compressés dont on entend parler de part le monde, sur place ils n’auront pas nécessairement de nom, mais plutôt des « grades » de qualité en fonction du tamisage ect ect.. :
Les « ardoises » de pollen: Ce sont de fines plaques d’un demi centimètre d’épaisseur, faites à partir d’une herbe peu puissante et de basse qualité, bien souvent traitée aux pesticides, il n’est pas très fort et pas très bon non plus. Il gonfle quand on le brule car il est hyper compacté.
Le « Pollen » : Il garde sa couleur jaune même après le pressage car il comporte très peu de trichomes et de résine, il fonce donc beaucoup moins, gonfle et garde une texture un peu « poudreuse/polleneuse », il est peu puissant mais cela a aussi ses avantages.
Le « Double Zéro » (ou zéro zéro, 00): Il doit son appellation à la taille du tamis extrêmement fin qui est utilisé pour récuperer le meilleur pollen avec lequel on le pressera, comme le tamis peut approcher le micron (0,00N mm) on l’appelle le 00. Extrêmement rare sur place, et encore plus en France.
Le « Primero » : Très clair, crémeux et issue du premier tamisage.
Le « Ketama » : Il provient de la région de Ketama, sa couleur peut varier suivant les saisons et les variétés cultivées, mais il est très crémeux et est issue du premier tamisage, sa qualité supérieur est due à son terroir et au savoir faire immense des habitants du coin. Le meilleur « Ketama » serait celui provenant plus précisément de Khmiss Issguen, le plus haut sommet de Ketama.
Le « Tibsla » Aka Les plaquettes de marocain : Compacté à l’extrême et dur comme de la pierre pour pouvoir être plus facilement exportable, la encore les différences de qualités peuvent être multiple. La mode des savonnettes de 250g semble être passée, car les trafiquants essayent d’imiter le conditionnement des produits de qualités de petits producteurs marocains, qui eux sont plutôt conditionnés par 100g ou 200g.
Le « Caramello » (aka Le Jarhdalla si il est mixé avec du pakistanais, ou bien encore l’Asilah) : Celui que l’ont trouve en France sous le nom « d’olive », et qui est acheminé en étant ingéré la plupart du temps, d’où sa forme pratique d’olive. Son aspect noir provient de l’oxydation excessive due à sa petite surface et du mélange avec un autre hash d’Asie ou d’inde plus sombre.
Le « King Hassan » : On ne sait pas très bien si c’est une appellation en l’honneur de l’accord passé avec le roi du même nom, et qui a permis de conserver les plantations, mais quoiqu’il en soit il rencontre un franc succès à Amsterdam ou sa qualité est saluée, certainement l’œuvre d’un producteur qui sait ce qu’il fait :).
Le « Hia » (ou Aya) : Semble être l’appellation pour des plaquettes de marocains moins compactées, moins sèches, beaucoup plus grasses que d’habitude, donc de meilleur qualité. (perso celle que j’ai vu n’étaient pas terribles, mais d’autres disent le contraire).
Le Zetla : Un des noms communs pour designer de la drogue en arabe.
On trouve aussi plusieurs autres appellations dans les coffee shop d’ Amsterdam, comme le Habibi, le Loubna ou le Sensabille, difficile de savoir si c’est vraiment du hash importé du Maroc ou fabriqué sur place, les deux scénarios sont possibles vu la quantité qu’exporte le Maroc chaque année.
Tous ces noms ne garantissent aucunement la qualité, ils ne renseignent finalement presque sur rien, ça semble être juste du marketing. Ne vous fiez donc qu’a votre nez, vos yeux et votre palais pour déterminer la qualité d’un hash marocain, tel un œnologue du haschisch 😉
Bonus: la vidéo Kif-kif de 1994 « la production au Maroc » ou l’on peut voir le tamisage, et la vidéo d’un pressage au Maroc :
Kif Kif, la production de Hashish au Maroc (1994) (FR) ( le sujet de la pureté et la coupe du hash y est abordé par un marocains c’est très intéressant):
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